Gaudio, gaucho
tranquille
Il est des joueurs discrets du côté de la porte d’Auteuil, certains passent même
complètement inaperçus, prennent trois sets dans la musette et reprennent l’avion.
Gaston Gaudio, le tenant du titre argentin, est lui aussi un modèle de discrétion. À sa
façon. Sur un rectangle de terre battue, El Gato (le chat en français) n’amuse pas
la galerie. Battu au premier tour en trois sets lundi par l’Argentin, le Français
Julien Benneteau en a fait l’amère expérience. « Je n’ai pas mal joué.
J’ai su profiter au début de son stress qui est normal pour un tenant du titre.
Après, c’est devenu difficile. Il est vraiment impressionnant. » La pression des médias
Hier, l’Argentin a redoublé de discrétion. Il ne s’est pas présenté sur le
court à onze heures, s’épargnant une séance au soleil tapant sur les courts de
Roland-Garros. Pourtant, il s’est qualifié pour le troisième tour de ces
Internationaux de France 2005. L’explication ? Son adversaire du jour, le Russe
Dimitri Tursunov a fait savoir au médecin du tournoi qu’il « souffre du genou
depuis une semaine ».
S’épargner un match de labeur n’est jamais inintéressant lors d’une
quinzaine de l’ocre. Surtout, Gaudio s’est aussi mis à l’abri de ces «
papillons à l’estomac » qui l’avaient un court instant déstabilisé lors de
son retour sur la terre de ses exploits. À l’ombre de sa casquette, il avait avoué
lundi : « C’était compliqué au début. J’étais très nerveux, les médias me
mettent beaucoup de pression. Tout le monde me pose des questions et cela me stresse. Pour
le reste, je me sens à peu près pareil que l’an dernier à la même époque. » Il doit tout à son père
Une seule différence, majeure cependant, l’an dernier à la même époque, Gaudio,
44e joueur mondial, ne se doutait pas que le dernier dimanche de Roland-Garros, il allait
devenir le premier joueur depuis le Brésilien Gustavo Kuerten en 1997 à remporter le
tournoi sans être tête de série. Il ne soupçonnait pas non plus que vingt-six ans
après Guillermo Vilas, il deviendrait le deuxième Argentin de l’histoire à
remporter un tournoi du Grand Chelem. Depuis, son histoire a fait le tour des gazettes.
Celle d’un joueur de vingt-six ans privé du soutien de sa fédération et qui
n’a pu compter que sur lui-même et ses parents pour tracer son chemin dans les
méandres du tennis professionnel. Celle aussi d’un joueur lambda transformé par son
travail avec une psychologue. Celle enfin d’un fils dévoué à son père qui a
réchappé d’une grave maladie. « Tout ce que j’ai fait, je le lui dois »,
avait dit Gaudio au moment de soulever le trophée du vainqueur l’an dernier. Un
geste qui a donné cette année au cinquième joueur mondial l’assurance d’un
père tranquille...
(Frédéric Sugnot, Humanite.presse.fr , 26
mai 2005)
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Son meilleur ennemi et compatriote argentin Guillermo Coria
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