Jamaïque - Un gay présumé se noie pour échappé
au lynchage
09.01.06
Dans une tentative désespérée, un jeune jamaïquain a
plongé dans le port de Kingston pour échapper à une foule qui hurlait des injures
homophobes. Ne sachant pas nager, Nokia Cowan s'est noyé sous les yeux de la foule.
Personne ne sait réellement si Cowan était gay ou non, mais il est le troisième
homme à mourir dernièrement en Jamaïque, victime de l'homophobie.
JFLAG, l'association des droits des gays du pays, a réclamé une enquête de
police sur les circonstances qui ont mené le jeune homme à se noyer. "Nous
implorons les membres les plus élevés du gouvernement à indiquer clairement que la
violence basée sur l'orientation sexuelle est inacceptable en Jamaïque".
En décembre 2005, les Nations Unies ont accusé la Jamaïque de ne pas en faire
assez pour élucider le meurtre d'un militant gay. Steve Harvey, de l'association de lutte
contre le SIDA "Support for Live", avait été kidnappé le 1er décembre 05,
jour même de la Journée mondiale contre le SIDA, puis assassiné. Trois hommes
s'étaient introduits dans son logement et l'avaient obligé à le suivre en affirmant:
"Nous savons que t'es pédé." Deux heures plus tard, la victime était
retrouvée morte. ONUSIDA, le programme de coordination de l'ONU pour la lutte contre le
VIH et le SIDA, rend le gouvernement coresponsable des actes homophobes, qu'il encourage.
Conformément à des indications de l'organisation des droits de l'homme Rights Watch, la
police du pays n'intervient que rarement lors de crimes contre les homosexuels.
Elton John, quelques jours avant de s'unir à son ami David Furnish, avait écrit
une lettre ouverte dans le journal The Observer pour dénoncer les pays où
l'homosexualité est un délit, dont la Jamaïque: "C'est précisément parce que
l'homosexualité est une infraction criminelle [en Jamaïque], punissable de 10 ans de
travaux forcés, que les gens ordinaires pensent qu'il est normal de détester et
d'exclure les personnes homosexuelles. Il ne faut pas attendre longtemps pour que cette
haine tourne à la violence."
L'année dernière, l'avocat des droits des LGBT en Jamaïque Brian Williamson
avait lui aussi été assassiné.
Le reggae est depuis longtemps dénoncé pour son encouragement à l'homophobie. La
star jamaïcaine de reggae Buju Banton et deux autres hommes doivent prochainement être
jugés pour l'attaque de six homosexuels.
En septembre 2004 déjà, les associations Lilith, Vogay, Pink Cross et LOS avaient
dénoncé la venue à Montreux de Buju Banton, dont au moins une chanson, "Boom Boom
Bye Bye", constitue clairement un appel à la haine, à la violence et même au
meurtre dhomosexuels. Dans le cadre de sa tournée en Europe, Buju Banton avait vu
plusieurs de ses concerts annulés. Fait aggravant, lartiste était déjà
soupçonné davoir participé à une agression homophobe quelques mois plus tôt en
Jamaïque. Par ailleurs, des journalistes ont rapporté que lors de concerts, le public
jamaïquain brandit des fusils réels ou factices pendant cette chanson et les balance en
signe dapprobation.
Swissgay.ch
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