Election
du Conseil fédéral - Le mouton noir Christoph Blocher
exclu 12.12.07
Les démocrates suisses gagnent contre
l'extrême-droite Mercredi 12 décembre, les sept Conseillers fédéraux sont élus à
tour de rôle entre 08h et 12h30. L'un des deux membres de l'UDC
devient le mouton noir du CF et est exclu :
le vieillissant Christoph Blocher n'est
pas réélu ! Le retour de manivelle est mémorable pour ce parti
d'extrême-droite, le plus homophobe et raciste de Suisse.
L'élection des Conseillers fédéraux se déroule à un
rythme soutenu par ordre d'ancienneté.
9h04 : Moritz Leuenberger (PS)
est réélu dès le 1er tour avec 157 voix sur 178 bulletins
valables (64 blancs et 4 nuls). A
9h21, le radical Pascal Couchepin recueille au 1er tour 205 voix sur 231 bulletins valables (13 blancs et
2 nuls). 9h38 : l'UDC Samuel Schmid,
tant décrié par son propre parti, est réélu dès le 1er tour avec
201 voix sur 219 bulletins valables (21 blancs et 4
nuls). La très populaire
socialiste Micheline Calmy-Rey est réélue au 1er tour à
9h55 avec
153 voix sur 180 bulletins valables (65 blancs et 1 nul).
Les Verts retirent leur "bouclier" Recordon A 10h, cinq minutes après l'élection de la socialiste Calmy-Rey, les Verts retirent
la candidature de leur "bouclier" Luc Recordon. Le conseiller
national écologiste précise au micro de la TSR : "En même temps
que ma candidature, nous recherchions une candidature bourgeoise
en faveur de laquelle je puisse me retirer. En tant que bouclier,
je devais me désister le plus tard possible", ajoutant être "très
content" du résultat. La stratégie des Verts, avec le soutien du
PDC, des socialistes et de quelques voix éparses de radicaux et
de libéraux, va dépasser les attentes les plus folles.
Malgré les menaces : l'évincé à la zurichoise Dix minutes plus tard, le moment le plus attendu de cette
élection du Conseil fédéral, si convenue en temps normal, bouleverse tous les
pronostics. A 10h10, le nationaliste Christoph Blocher n'est pas
réélu. Si
l'un de ses candidats n'était pas réélu, l'UDC avait menacé d'aller là où elle a toujours
été : dans l'opposition. Va-t-elle exécuté sa menace ? L'UDC ne
semble pas prête à se passer d'un membre au gouvernement. Ce parti
s'est par ailleurs toujours comporté comme un parti d'opposition
et son vieux leader Blocher comme un chef de parti et non un membre du
gouvernement. Fin novembre 2007, l'UDC était par exemple le seul
parti à refuser de voter le budget 2008. Il avait pourtant été
élaboré avec son soutien. Après l'échec de Blocher, un député du Parti radical, fidèle allié de
l'UDC, déclare même à la TSR : "Le chef de l'opposition ne doit
pas rester au gouvernement !".
Les Verts, le PDC et le PS sortent renforcés
de l'élection Le gouvernement suisse, avec en tête le PDC, le PS et les
Verts, ne craint plus les menaces de l'aile dure blochérienne de l'UDC.
Au 1er tour, la grisonne UDC
Eveline Widmer-Schlumpf recueille 116 voix sur 238
bulletins valables. Christoph
Blocher n'arrive qu'en 2ème position avec 111 voix (6 blancs
et 2 nuls). A 4 voix près, Widmer-Schlumpf n'est pas élue. Les
pronostics fusent : les 6 bulletins blancs et les 2 nuls vont-ils
s'ajouter à ceux en faveur de Blocher au 2ème tour et assurer sa
réélection ?
Au contraire, à 10h42, le résultat démocratique
est encore plus net :
Eveline Widmer-Schlumpf, fille du Conseiller fédéral Léon Schlumpf
(en poste de 1980 à 1987), est élue au 2ème tour avec 125 voix sur 242
bulletins valables. Christoph
Blocher ne recueille que 115 voix (4 blancs, 0 nul).
L'UDC perd
aussi contre Leuthard A 11h04, le radical Hans-Rudolf Merz est
réélu avec 213 voix sur 233 bulletins valables (8
blancs et 3 nuls). Enfin, l'UDC avait promis qu'elle se
"vengerait" sur l'élection de Doris Leuthard
si Blocher n'était pas réélu. Menace à nouveau sans conséquence. A 11h21, la
démocrate-chrétienne recueille 160 voix sur
191 bulletins valables.
L'UDC n'a que peu de poids politique L'UDC s'est opposée à l'élection des deux candidats socialistes et
de la candidate PDC. Ils ont tous été aisément réélus avec le
soutien de toutes les voix démocrates. Isolée, l'UDC n'a que peu
de poids politique.
Puis l'UDC dépose une motion d'ordre qui demande une
interruption de séance jusque dans l'après-midi. La motion est
refusée par 155 voix contre 79 ! L'élection se poursuit.
Le Président
de la Confédération est brillamment élu : le radical Pascal Couchepin
recueille 197 voix.
Le déroulement de l'élection prend alors une
tournure tout à fait inhabituelle. La prestation de serment ne se
fait qu'en présence de six Conseillers fédéraux, en l'absence
d'Eveline Widmer-Schlumpf, absente de Berne et qui n'a pas encore accepté son
élection. Le vice-président n'a toujours pas été
désigné, Blocher, candidat à ce poste, n'ayant pas été réélu
Conseiller fédéral. L'UDC demande alors une interruption de séance
avant l'élection du vice-président, interruption acceptée jusqu'à
13h30. Le calcul de l'UDC est simple : si Widmer-Schlumpf refuse
son élection, Blocher pourrait encore être élu Conseiller fédéral
et devenir vice-président.
L'UDC perd encore la Chancellerie Les Chambres ont choisi la grisonne PDC Corina Casanova au poste
de Chancelière fédérale avec 124 voix, soit une de plus que la
majorité absolue. Elle était opposée au radical bernois Marcus
Seiler (52 voix) et, surtout, à l'UDC vaudoise Nathalie
Falcone-Goumaz (64 voix).
L'aile dure zurichoise grande perdante L'aile zurichoise et blochérienne de l'UDC sort
affaiblie de ces élections. Certains conseillers nationaux UDC ont
affirmé qu'un "vrai UDC" ne pourrait plus être élu au Conseil
fédéral après l'échec de Blocher. C'est un refrain habituel de
l'UDC : les "vrais" immigrés, les "vrais" chômeurs, les "vrais"
UDC. Le gouvernement suisse ne semble plus craindre les menaces
constantes de l'UDC et renvoi le parti nationaliste à ses propres
responsabilités. Le président du Parti radical, Fulvio Pelli,
pourtant allié de l'UDC, estime que l'échec du Zurichois Blocher est dû à
ses provocations et à celles de son propre parti qui "a tout fait
pour rendre sa réélection difficile".
Election reportée à jeudi Avant la reprise de la séance, l'UDC se
retrouve hésitante et pourrait demander quelques heures de
réflexion supplémentaires. Scénarii possible : Eveline Widmer-Schlumf
accepte son élection. Elle prend le deuxième siège UDC au
Conseil fédéral et le Parlement passe à l'élection du
vice-président. Si par contre Eveline Widmer-Schlumpf refuse son
élection, l'UDC dit vouloir présenter à nouveau Blocher. Le
PDC annonce que dans ce cas il présentera l'un de ses propres
candidats, le fribourgeois Schwaller, pour faire barrage à Blocher. En cas de victoire
du PDC, l'UDC ne conserverait plus qu'un siège au Conseil fédéral,
celui de Samuel Schmid, dont la ligne politique plus douce est
très critiquée par beaucoup au sein de son propre parti.
A 13h45, Mme Widmer-Schlumpf demande un délai de
réflexion pour accepter ou refuser son élection jusqu'au lendemain jeudi 13 décembre, 08h. Le Parlement accepte ce
délai.
Manifestation pour Widmer-Schlumpf A l'extérieur du Parlement, une centaine de manifestants soutiennent
Eveline
Widmer-Schlumpf avec klaxons, confettis et des pancartes : " Eveline, dis oui !".
Violentes réactions de l'UDC La non-élection de Blocher provoque des réactions violentes et
revanchardes chez certains députés de l'UDC. Interviewé par la
TSR, le valaisan Oskar Freysinger, très excité, déclare que "la
guerre" a été déclarée à l'UDC. Il assure que les alliés
naturels de l'UDC, les radicaux et les libéraux, ne pourraient
plus compter sur le soutien de l'UDC lors d'élections. Blocher, invisible depuis son échec, aurait déclaré que son parti
allait s'attaquer au "système dont il connaît les faiblesses". Ces
attaques contre la démocratie suisse soudent encore davantage le
"front républicain" dont font partie la gauche, le centre et la
droite classique. Menaces encore du côté du secrétaire général de
l'UDC Gregor Rutz, qui assure que son parti est prêt à jouer son
rôle d'opposition en le faisant payer très cher: "Cela coûtera
beaucoup d'argent et d'énergie, mais nous sommes prêts à le faire
le cas échéant." Une "opposition féroce"est annoncée par l'UDC. Déjà minoritaire dans tous
les Parlements, elle perd ses derniers alliés de par son attitude
et s'isole encore plus.
Les représentants du "front républicain"rappellent qu'ils
ont élu une représentante de l'UDC,
Widmer-Schlumpf, avec Samuel Schmid, assurant à l'UDC ses deux
sièges au Conseil fédéral.
Swissgay.ch
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fédéral - Le site du
PS
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l'UDC
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