Tchéquie - Après l'adoption du pacs : le
changement des mentalités est la plus grande victoire
09.01.08
Du 7
au 25 janvier 2008, la Maison des minorités nationales, à Prague,
accueille une exposition qui retrace l’histoire du mouvement gay
et lesbien dans les pays tchèques, de la fin du XIXe siècle à nos
jours. L’occasion de revenir sur 20 ans d’activisme en Tchéquie et
sur les changements survenus depuis.
En
République tchèque, si les préjugés ou l’intolérance peuvent
subsister, il est assez paradoxal de constater que pour une
société fermée sur elle-même par des années de communisme, il
n’aura fallu que 17 ans pour que soit adoptée la loi sur le
partenariat enregistré pour les couples homosexuels. De justesse
certes, mais fin juin 2006, les activistes voyaient leurs efforts
enfin récompensés.
Avec
le recul, Jiri Hromada, ancien président de l’Initiative gay
dissoute en 2007, estime toutefois que la vraie victoire est
ailleurs : "En 1990, lors d’un premier sondage, il est ressorti
que seuls 10% des citoyens tchèques voyaient positivement notre
différence, l’idée du partenariat enregistré. En 2006, lors de son
adoption, on était à 70%. Pour nous, c’est plutôt le chemin
parcouru qui est important, celui qui a changé le point de vue de
la société. Si la loi avait été adoptée sans que la société ne
soit prête, peut-être que les homosexuels eux-mêmes auraient eu
peur de s’enregistrer. Donc le plus important c’est que la société
et nous soyons dans une situation d’équilibre."
Pavel
Vitek est chanteur. Il vit depuis une vingtaine d’années avec son
compagnon et manager Janis Sidovsky. Ils ont été le premier couple
à profiter du changement de la législation en 2006. Pour Pavel,
l’officialisation de son union a plus représenté un changement
dans le regard de son entourage. A ses yeux, si le partenariat est
une victoire, il reste des lacunes : "Il faut encore approfondir
cette loi, régler des choses telles que le problème du patrimoine
commun, la pension de veuvage et encore plusieurs éléments qui ne
sont pas éthiques. A partir du moment où je suis contribuable, un
citoyen qui paie ses impôts, j’estime que, comme tout un chacun,
je dois avoir les mêmes droits et devoirs."
La
loi sur le partenariat enregistré ne permet pas l’adoption des
enfants. Au sein d’un couple comme celui de Janis et Pavel, si
l’un estime que la société n’est pas assez mûre, le second est
clairement pour.
Pour
Dzamila Stehlikova, ministre chargée des droits de l’homme et des
minorités nationales, il faut procéder étape par étape : "La
première chose que nous devons assurer, c’est que le partenaire
enregistré puisse adopter l’enfant de son compagnon. A l’heure
actuelle, ce n’est pas le cas, il faut que ça change : imaginez un
couple de lesbiennes qui élève un enfant, la mère biologique meurt
dans un accident, sa compagne ne peut pas s’en occuper et l’enfant
se retrouve dans des foyers pour enfants."
Un
débat public, l’avis de spécialistes, tout cela devrait faire
avancer les choses. La ministre précise que fin 2008 aura lieu une
conférence sur ce sujet, mettant en perspective les expériences de
l’étranger et celles de couples homosexuels tchèques qui ont élevé
des enfants jusqu’à l’âge adulte. Des questions qui pourraient, à
terme, se retrouver sur la table du législateur : "Maintenant, ce
n’est pas encore possible, ce n’est pas dans le programme du
gouvernement, mais nous pouvons ouvrir la question lors de la
prochaine période électorale. Mais la société doit être prête,
l’opinion doit changer. A l’heure actuelle, c’est plutôt du
50/50."
Après
Prague, l’exposition sur l’histoire du mouvement gay et lesbien en
République Tchèque partira dans toutes les principales villes des
régions tchèques.
Swissgay.ch (source : Radio Prague)
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