Suisse
- L'opposition du Conseil fédéral à l'adoption par les couples
homos fâche Pink Cross
16.05.08
Berne n’a pas l’intention de lever
l’interdiction d’adopter un enfant pour les couples homosexuels
"pacsés". Malgré un arrêt de Strasbourg, le Conseil fédéral est
d’avis que le peuple suisse a dit oui au partenariat enregistré
parce que l’adoption en était exclue.
Le gouvernement est persuadé que l’accueil
favorable réservé en 2004 à la loi sur le partenariat enregistré
est dû en bonne partie au fait qu’elle n’autorise ni l’adoption,
ni la procréation médicalement assistée, a-t-il répondu à une
interpellation du conseiller national Mario Fehr (PS/ZH).
Ce jugement vaut aussi pour l’adoption au sein
d’un couple "pacsé". La loi repose sur le principe que les enfants
devraient avoir des parents de sexe différent, et "ce serait saper
cette idée que de permettre ce type d’adoption".
Le Conseil fédéral souligne également que la loi
suisse n’interdit en rien l’adoption pour une personne seule qui
serait homosexuelle. De plus, l’adoption d’un enfant par un couple
du même sexe à l’étranger est en principe reconnue en Suisse.
Mario Fehr dénonce l´interdiction d´adoption
faite aux « pacsés » suisses en s´appuyant sur un arrêt de la Cour
européenne des droits de l´homme. Selon les juges de Strasbourg,
empêcher une adoption en raison de l´orientation sexuelle du
requérant va à l´encontre de l´interdiction des discriminations
inscrite dans la Convention européenne des droits de l´Homme (CEDH).
Pour le Conseil fédéral, il ne faut pas tirer de
conclusion hâtive sur la base de cet arrêt, car la situation de
départ est différente. Strasbourg a condamné la France dans le cas
d´une femme vivant en concubinage avec sa partenaire. Or le
partenariat enregistré tel que conçu en Suisse n´existe pas en
France. De plus, cette femme avait présenté sa demande d´adoption
en tant que célibataire.
"Absurde !" répond Pink Cross La position du Conseil fédéral fâche l'organisation faîtière des
gays de Suisse Pink Cross. Dans un communiqué intitulé "Le Conseil
fédéral doit combattre les préjugés au lieu de les bétonner !",
l'organisation relève une hypocrisie de taille : "Les gays et les
lesbiennes célibataires ont le droit d'adopter, mais cela leur est
interdit dès lors qu'ils vivent en couples et régularisent leur
partenariat devant la loi."
Bien que Pink Cross "prend au sérieux les
réticences qu'éprouve une partie de la population face à
l'adoption par des gays et des lesbiennes", elle attend du
gouvernement fédéral "une approche plus sérieuse de la question".
Elle affirme avec force que "les enfants sont une réalité,
notamment dans les couples de lesbiennes. Il n'est pas question de
caprices étranges, mais d'enfants en chair et en os avec leurs
droits."
Pink Cross demande au gouvernement de s'engager
activement contre les préjugés : "Lorsque la majorité d'un pays a
des préjugés contre une minorité de leurs concitoyennes et
concitoyens, c'est la mission de l'Etat de mener une politique
active qui va à l'encontre de ces préjugés. Si une politique est
fondée sur les préjugés existants, elle entre en contradiction
avec les fondements juridiques de l'Etat.
A l'heure des familles monoparentales et
recomposées, on ne rend pas justice à la situation de nombreux
parents et enfants si on se concentre exclusivement sur le modèle
traditionnel."
Les jeunes pour l'adoption par les couples
homosexuels
Les couples homosexuels doivent pouvoir adopter. La Suisse doit
changer sa législation, ont exigé quelque 50 jeunes réunis en
session samedi à Berne.
Swissgay.ch
(source : ATS et Pink
Cross)
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