Politique - Genève adopte à l'unanimité une motion contre
l'homophobie
21.01.08
Le Conseil municipal de la ville de Genève a
accepté ce soir 21 janvier une motion contre l'homophobie à l'unanimité, UDC (droite
nationaliste) y compris, moins une abstention libérale.
Intitulée
"Homophobie : combattons aussi cette forme de discrimination",
la motion M-680
propose en premier lieu "d’aborder le thème de la lutte contre
l’homophobie dans le cadre d’un colloque coorganisé avec le
concours d’autres autorités politiques (municipales, cantonales,
etc...)". Le dépôt de la motion vise à inviter le Conseil
administratif de la ville de Genève à prendre des mesures
concrètes pour lutter contre l'homophobie.
La motion a été déposée le 9 mai 2007 en réponse
aux affiches homophobes (photo) de l'UDC qui s'en prenaient aux
"pacsés aisés et inféconds". Les hétérosexuels n'ayant pas accès
au pacs en Suisse (appelé Lpart ou partenariat enregistré), les
affiches de l'UDC genevoise visaient donc directement les gays et
les lesbiennes.
L'un des auteurs de la motion signale également
que le Conseil administratif serait invité à signer la "Charte
pour la diversité" afin de répondre au deuxième point de la
motion, accepté lui aussi. Celui-ci demande au Conseil
administratif "de garder à l'esprit le thème de
la lutte contre l'homophobie, au même titre que la lutte contre
toutes les autres formes d'intolérance, dans le cadre de sa
politique." La Ville de Genève devrait
alors appliquer une politique d'emploi explicitement anti-homophobe.
De Genève à Berne
: la motion devient une résolution
Les libéraux ont également proposé de charger le Conseil
administratif de Genève de prendre contact avec le Conseil fédéral
afin qu'il intègre dans le code pénal suisse une disposition
permettant de punir les actes homophobes. A cet effet, la motion a
même été transformée en résolution.
Tous les signataires de la
motion se sont déclarés bis, homosexuels ou concernés de près par
l'homosexualité. Ces élus proviennent de tous les partis, exceptés
de l'UDC. Parmi eux figure le président radical du
Conseil municipal, Guy Dossan.
Les douze signataires de
la motion du 9 mai 2007 contre l'homophobie sont :
- Ariane Arlotti (Solidarités)
- Catherine Gaillard-Iungmann (Solidarités)
- Gisèle Thiévent (Solidarités)
- Anne Moratti Jung (Les Verts)
- Sarah Klopmann (Les Verts)
- Yves de Matteis (Les Verts)
- David Metzger (Parti socialiste)
- Jean-Louis Fazio (Parti socialiste)
- Didier Bonny (Parti démocrate-chrétien)
- Guy Dossan (Parti radical)
- Blaise Hatt-Arnold (Parti libéral)
- Alexandre Chevalier (Parti libéral)
Dans le même élan que l'Union européenne
Cette motion s'inscrit en droite ligne d'une volonté européenne.
Le 18 janvier 2007, les députés européens ont adopté à une large
majorité une résolution contre les discriminations envers les
homosexuels. La résolution demande aux Etats membres de l'Union
européenne, dont la Suisse ne fait pas partie, de protéger les
homosexuels des discours et violences homophobes. Le texte déplore
que "dans certains pays membres, les partenaires de même sexe ne
jouissent pas de tous les droits et protections accordés aux
partenaires mariés de sexes opposés".
Sans surprise, l'Eglise catholique a critiqué la
résolution du Parlement européen. La conférence épiscopale
polonaise en particulier a déclaré dans un communiqué que "l’appel
adressé aux gouvernements des pays membres de l’UE à mettre sur un
pied d’égalité les liaisons entre les personnes de même sexe et
les mariages enfreint les bases des lois de la nature et constitue
un danger pour le mariage et la famille".
Genève en première ligne
Depuis 1998, Genève se
démarque du reste de la Suisse dans la lutte pour les droits des
homosexuels. Le 18 décembre 1998, le libéral genevois Jean-Michel
Gros dépose une initiative parlementaire pour l’instauration d’un
pacs helvétique. Le 5 mai 2001, après la France, le Danemark, la
Norvège, la Suède et l'Islande, le "pacs" genevois existe enfin.
Zurich lui emboîte le pas en janvier 2002, suivi par Neuchâtel le
1er juillet 2004. Le 5 juin 2005, 58% des Suisses acceptent le
partenariat enregistré suite à l'initiative du Genevois
Jean-Michel Gros. La Suisse est alors le quatorzième pays au monde
à accepter une forme de reconnaissance du couple homosexuel.
Swissgay.ch
Lire aussi :
-
Le texte de la motion M-680
-
Le texte final de la résolution
-
Le rapport de la commission du 10 décembre 2007
-
La Charte pour la diversité
-
Le Pacs en Suisse
-
Genève
- Contre l'homophobie : des personnalités politiques font leur
coming out
-
Genève
- Affiches homophobes de l'UDC : deux plaintes déposées
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