Cette lettre ouverte de quatre associations LGBT
sur le maintien du concert de Capleton à Lausanne a été adressée,
entre autres, à tous les organisateurs du Metropop Festival
Lausanne 2008 le 6 novembre 2008.
Mesdames, Messieurs,
Les organisations lesbigaies signataires de
cette lettre ouverte déplorent la tenue du concert de Capleton
samedi 8 novembre. Etant donné la longue histoire de répression,
de censure qui s'est appliquée à l'homosexualité, nous ne pouvons
par principe être favorables à l'interdiction, au boycott et à la
censure des artistes qui ne seraient pas politiquement corrects.
Mais en l'occurrence, il s'agit plus que d'une
expression artistique : il s'agit d'appels au meurtre, d'appels à
la violence contre une minorité à laquelle nous nous trouvons
appartenir, une minorité que nous nous trouvons défendre.
Au-delà de la simple expression verbale de cette
haine, des actes de violence et des meurtres de personnes
homosexuelles ont eu lieu en Jamaïque, pays d'origine du reggae,
notamment à la suite de concerts dans lesquels ces chansons
homophobes sont habituellement interprétées, et souvent
accompagnées par le public d'une gestuelle significative avec ses
armes à feu. Capleton est l'auteur de 22 chansons dans lesquels
figurent des appels au meurtre ou à la violence contre les
personnes homosexuelles.
Le 13 juillet 2007, Capleton a signé le Reggae
Compassionate Act (RCA), mais il ne l'a pas respectée. Une vidéo
mise en ligne par Stop Murder Music montre que lors d'un concert
en 2007, Capleton a violé cet engagement. Confrontés à cette
vidéo, les organisateurs du concert de Capleton à la Kaserne de
Bâle ont annulé le concert. Ils avaient engagé Capleton en étant
conscients qu'il était controversé en raison de ses textes
homophobes, mais ils l'avaient tout de même engagé parce qu'il
avait signé le RCA.
Les associations gaies qui avaient joué le jeu
du dialogue et de l'ouverture peuvent se sentir flouées (c'est un
euphémisme). Ainsi, des artistes controversés comme Capleton ont
pu se produire en Europe, mais, non seulement ils ne se sont pas
distancés de leurs propos meurtriers antérieurs, mais ils ont
récidivé. Donc, au vu de ce qui s'est produit à Bâle et ailleurs
en Europe, il faut malheureusement constater que certains artistes
ne comprennent que le langage de la fermeté.
Nous ne comprenons donc pas pourquoi vous n'avez
pas suivi l'exemple bâlois. Nous déplorons que vous mainteniez le
concert de Capleton et nous vous appelons à reconsidérer votre
décision.
Quant au public de votre festival, nous
l'appelons à réfléchir et à consommer intelligemment. C'est-à-dire
à choisir des artistes dont les propos - même tenus en dehors de
l'Europe - ne violent pas aussi brutalement des principes éthiques
aussi élémentaire que le droit à l'existence pour toute minorité.
Avec nos salutations respectueuses
Barbara Lanthemann, LOS, secrétaire romande
Jean-Paul Guisan, Pink Cross, secrétaire romand
Steven Derendinger, Vogay, président
Olivier Xaspar, Plan-Queer, coordinateur